Un oiseau sur la branche Une vision haut perchee de l'actualite

8Jan/19Off

Les nuits polaires

Près de deux mois par an, les habitants de Mourmansk sont plongés dans la nuit polaire. Le Courrier de Russie a cherché à savoir comment ce phénomène influence leur vie. « Maman, c’est la nuit ou le jour, là ? », demande Ilia, 5 ans, dans les couloirs de la polyclinique n°4 de Mourmansk. « C’est le jour, mon chéri. Il est quinze heures », lui répond-elle. Dehors, c’est la nuit noire. Les habitants de Mourmansk se pressent et s’activent dans les rues éclairées par les lampadaires et les illuminations de Noël : ils font leurs courses, se promènent avec leurs enfants, prennent le bus… Le tout sous un ciel couleur charbon. Située à une latitude de 68°58’45’’, Mourmansk, avec ses 300 000 habitants, est la plus grande ville du monde située au-delà du cercle polaire. Pendant 41 jours, du 2 décembre au 12 janvier, le soleil n’y dépasse pas l’horizon. Si, par chance, le ciel est dégagé, les Mourmanskiens bénéficient de quelques heures de clarté, trois à quatre par jour. Le reste du temps, ils vivent dans l’obscurité la plus complète. La proximité avec le courant atlantique du Gulf Stream offre à la région de Mourmansk un climat tempéré aux températures hivernales relativement douces pour ces latitudes, entre -10°C et -20°C. Mais le courant océanique entraîne également son lot de nuages et de brouillard et un taux d’humidité élevé. La qualité de l’air est pauvre du fait du manque d’oxygène. Le « stress polaire » Ces conditions climatiques ont un impact direct sur l’organisme, baptisé « syndrome du stress polaire ». « Ce n’est pas une maladie mais la réponse du corps aux conditions climatiques caractéristiques des villes situées au-delà du cercle Arctique », indique Natalia Telibaïeva, médecin-chef de la polyclinique n°4 de Mourmansk. Le premier symptôme est une envie de dormir permanente, alors que l’on ne ressent aucune fatigue. « Le corps s’endort naturellement dans le noir », souligne le médecin. Le manque de lumière affaiblit l’organisme, qui peine à lutter contre les attaques extérieures. « Les habitants de Mourmansk sont une fois et demie plus susceptibles d’attraper des infections que les habitants de Russie centrale et du sud, deux fois plus sujets aux maladies du système endocrinien et trois fois plus à celles du système digestif », énumère le Dr Telibaïeva. Les cas de dépressions sont aussi fréquents. « Les gens manquent d’énergie, font tout au ralenti et ont du mal à effectuer des tâches complexes », souligne le médecin-chef. Combiné au manque de lumière, le manque d’oxygène provoque également des migraines, qui peuvent devenir chroniques.

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